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PLACE DE LA SORBONNE n° 8
Lucien Wasselin recommande ce dernier numéro de la revue de poésie


Je commençais ma lecture du n° 7 par ces mots : « Qu’ajouter après l’éditorial de Laurent Fourcaut qui ouvre cette livraison de plus de 400 pages ? Tout y est dit, ne reste plus qu’à lire attentivement ce n° 7 de Place de la Sorbonne. » A peu de choses près, je pourrais débuter de la même façon, ce n° 8 de PLS qui est fort de plus de 330 pages ; c’est la seule différence !

Prenons date avec l’éditorial : Laurent Fourcaut, après avoir constaté l’absence remarquable des grands médias qui s’intéressent à la poésie (et noté le rôle irremplaçable des petites revues et des éditeurs de poésie au demeurant très courageux ainsi que les modifications du comité de rédaction de PLS ) commente et présente ce n° 8 : une grande nouveauté, c’est la place faite aux langues étrangères, celles utilisées par les poètes ! Et Jeanine Baude rend hommage à Joëlle Gardes, membre du comité de rédaction (depuis le n° 2, en 2012) de PLS et décédée en septembre 2017 ; Jeanine Baude donne une suite de proses poétiques, très belles …

Suit alors l’essai autobiographique de Jean-Luc Steinmetz où j’apprends, s’il en était besoin, que se faire publier est d’abord une affaire de patience. Autrement dit, autrement lu, malgré les ellipses, c’est une page d’histoire que Steinmetz offre à ses lecteurs … Steinmetz passe, dans son essai, en revue les recueils qu’il a publiés. Il note, exemple à l’appui, qu’il a privilégié - du moins à ses débuts - le mélange de poèmes anciens ( période dite d’avant-garde) et de poèmes récents (souvent écrits un an avant leur publication) (p 22). On peut ainsi juger de l’évolution de leur écriture ; ce n’est pas un hasard si Jacques Darras remarque le stoïcisme latin dont ses poèmes font preuve (p 25) …

Actualité oblige, les hasards du calendrier font ensuite que trois responsables de Cheyne (dont Jean-François Manier le fondateur) répondent aux questions de Catherine Fromilhague pour PLS. Certes l’équipe s’est agrandie, certes l’ancienne imprimerie s’est transformée en bar à vins-restaurant-librairie … Elsa Pallet et Benoît Reiss s’expliquent sur leur volonté de reprise en interne de l’entreprise, c’est l’occasion de découvrir Cheyne nouvelle manière, une expérience originale en dehors des sentiers battus.

Quinze poètes sont présentés dans le dossier Poésie française contemporaine : Laurent Albarracin est bien accompagné par ses Sonnets de contrebande, c’est là de la poésie matérialiste (comme j’aime), la forme du sonnet qui ne fait que peu à l’affaire, c’est plutôt une question d’approche. J’aime aussi les Carnets d’Asie d’Emmanuelle Sordet que je découvre ici alors que je rends compte régulièrement des publications de Laurent Albarracin en différents lieux … Les autres ne me laissent pas indifférent mais je demande confirmation de leur talent … En tout cas, c’est le rôle d’une revue de poésie que de présenter leurs productions.

Dix praticiens de cet art difficile qu’est la poésie sont présents dans le dossier Langues du monde qui se partage entre les langues italienne, suédoise, persane, espagnole et catalane. Il faut remercier les interprètes de se pencher sur la tâche difficile de la traduction poétique. Et il faut remercier plus particulièrement Marie-Hélène Archambeaud dont j’ai parlé de « Van », son dernier recueil, dans Texture, qui traduit ici du suédois, une langue peu connue des amateurs de poésie …

Le dossier Contrepoints présente le travail de la plasticienne Angélique Lecaille que préface Christiane Herth. J’extrais du texte de cette dernière ce fragment : « Le rapprochement entre le paysage mental et la présence physique de la matière sous-tend les dispositifs d’installation. Tous reposent sur une fascination pour la matière, pour ses transformations et pour les phénomènes naturels qui façonnent notre univers » (p 240). Jamais impression n’a paru aussi juste.

Enfin, les parties Echos, De l’autre côté du miroir et Comptes-rendus (où il s’agit d’une compilation de recensions) viennent clore cette livraison. « La mort du sacré et le pouvoir de l’art occupent l’œuvre de Sylviane Dupuis » : c’est ce que veut démontrer Anne Emmanuelle Volterra (p 255). La place de la poésie dans tout cela ? « La poésie n’est pas loin, embusquée dans des réflexions sur les limites du langage ». « L’obscénité du monde, la poésie de Sylviane Dupuis s’y confronte, la métamorphose, en tire un matériau neuf, substitue à la tentation de la destruction la dignité de la création, ses élans vers la lumière ». Folie humaniste ??? Thierry Roger analyse L’anthologie d’auteur comme défi à l’histoire littéraire (Yves di Manno & Isabelle Garron), publiée en 2017 chez Flammarion. Thierry Roger s’emploie à faire la différence entre cette anthologie et celle consacrée à un auteur. Partant de là, l’auteur de l’essai aborde les différences jusqu’à qualifier d’invisible l’histoire que racontent Y di Manno et I Garron (p 265) : « Ce qu’un tel livre entend mettre en lumière, ce n’est pas une liste de noms propres mais la mutation fondamentale qui a affecté le paysage poétique sur cinquante ans, à savoir une nouvelle crise de vers » (id). Il en arrive même à souhaiter l’apparition d’anthologies-actions (p 267). Mais Thierry Roger néglige certains poètes essentiels de nos jours (mais à qui ?), ce qui est son droit… Quant à l’autre côté du miroir, Antoine Cazé s’intéresse à John Ashbery (1927-2017) tandis que Francis Combes consacre son essai à Evgueni Evtouchenko, le libérateur de la parole poétique (1933-2017). On l’aura compris : ce sont des hommages rendus à des poètes récemment disparus (ou des écrivains car ces deux là ont aussi été romanciers). Quant à la partie Comptes-Rendus, elle publie exclusivement des notes de lecture sur les livres reçus par PLS au cours de ces douze derniers mois, sur une quarantaine de pages, ce qui montre l’écho que connaît PLS dans le petit milieu des poètes. On remarquera une attention particulière (trop réduite à mon gré) des collaborateurs qui signent ces recensions consacrées aux domaines étrangers…


Place de la Sorbonne n° 8 : cette livraison, 336 pages, 20 euros. Revue Place de la Sorbonne (poésie internationale contemporaine). Université de Paris Sorbonne, 1 rue Victor Cousin. 75005 Paris. On peut commander ce n° à PUPS, Maison de la recherche, Faculté des Lettres de Sorbonne Université, 28 rue Serpente. 75006 Paris


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