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Les cinq sens. AVEL IX n°26, poésie, art, littérature
Remi Boyer évoque le dernier numéro de la revue édité par Les Amis de la Tour du Vent

La revue Avel IX, édifiée autour de l’œuvre et de la personnalité exemplaires de Théophile Briant consacre ce nouveau numéro aux cinq sens.

Cette revue, remarquable de qualité, associe études, poésies et graphismes dans un ensemble qui présente à la fois une grande unité et de puissantes ouvertures décalées. Sous une apparence classique, un anti-conformisme dynamique et créateur.

Avec Odeurs du monde, un texte de 1938, Théophile Briant nous rappelle les puissants commandements des odeurs :
« On s’est souvent demandé de quelle nature étaient les effluves secrets dont nous sommes la proie, qui troublent ainsi notre sensibilité, éveillent des récurrences ou des nostalgies, chantent le clef de notre « morceau » quotidien et nous ensorcellent aussi brusquement qu’en musique un accord de neuvième.
Le parfum est un état d’âme. Il va de la colère par la racine de la jusquiame à l’amour par la vanille et la rose ; de la folie douce par le haschich, à l’extase divine par l’encens. (…)
En attendant qu’un initié nous écrive un Traité des Odeurs, avec la manière de s’en servir, sachons au moins goûter dans ce désordre apparent, dans ce pot-pourri d’odeurs mondiales, la symphonie quotidienne qui se joue autour de nous et qui vient expirer sur la terrasse d’Elseneur.
Chevelures de Santal, chairs de lune aux relents de tubéreuse, roses dormantes, foins coupés de minuit, jardins mouillés d’où monte l’odeur du déluge, grèves où flotte encore l’odeur de Vénus… Nous avons tout traversé, les odeurs blessantes et cuisantes, les odeurs de vie et de trépas, la sueur de sang et la sueur d’amour… »

Jean-Luc Legros revient longuement sur Henry-David Thoreau : le ravissement des sens. « Secrétaire des dieux », « sensuel polymorphe », non-conformiste amoureux du simple et de la nature, Thoreau (1837 - 1862) a plus que jamais à nous apprendre sur l’essentiel.
« Né dans une tradition de liberté et d’esprit d’opposition, Thoreau, lorsqu’il atteint sa maturité, a cette chance de pouvoir rencontrer ou se frotter à beaucoup d’esprits originaux, souvent exceptionnels, notamment autour d’Emerson. Leur influence est indéniable, très vite cependant, il voudra avant tout être lui, ne pas se conformer aux idées reçues, mais expérimenter par lui-même leur bien fondé. Suivre ses rêves, la force de son imaginaire et ne pas se laisser influencer par les pensées à la mode ou par une réalité trop sclérosée : « Si vous avez bâti des châteaux dans les airs, votre travail n’en sera pas forcément perdu : c’est bien là qu’ils doivent être. Maintenant, il n’y a plus qu’à placer les fondations par-dessous. »
Être soi, écouter et suivre sa nature, son propre rythme de vie et de pesées, révèlent en Henry-David un extravagant, au sens premier du terme : celui qui s’écarte de la voie. (…)
Percevoir, toujours, comme pour la première fois, ne jamais préjuger, surtout ne pas suivre, mais aussi n’être pas suivi : « Je ne désire pas que quiconque adopte ma façon de vivre en aucune manière car avant qu’il l’ait bien apprise, j’aurai pu en trouver une autre qui me convienne davantage. Mon souhait est qu’il y ait dans le monde autant de personnes différentes que possible : mais je voudrais que chacun se préoccupe de découvrir sa propre voie et de la suivre. » »

Serge Bouvier, nous conduit du côté du sculpteur Henry Moore (1898 - 1986), qui eut d’étroites relations avec le mouvement surréaliste :
« Découvrir l’œuvre de Moore, c’est découvrir la nature, la nature humaine, c’est questionner un galet, c’est parler à un coquillage, à une vertèbre. C’est une incitation à l’épure, au minimalisme à la quintessence. (…)
Nous sommes le substrat même de l’œuvre de Moore. Au-delà du panthéisme, de la sensualité, de la tension des productions, s’instaure un dialogue entre le spectateur et la pierre. Au-delà de la tactilité forte que la pierre imprime, l’atelier du regard et de la main est doublé par un échange intense. De fait, la pierre, le plâtre, le bronze nous parlent. »

Et de très nombreux poèmes de Karour, Christine Guénanten, Francine Caron, Georges Georget, Max Alhau, Danièle Auray, Florence Whitty, Danielle Thivolet, Yolande Oria, Jean Dif, Maurice Oger, Anne Bihoreau, Angèle Vannier, Jean-Albert Guénégan, Roselyne Frogé, Béatrix Balteg, Paule Cassard, Yvon Roussel, Edith Södergran, Karin Boye, Carl-Erik af Geijerstam…

Parmi eux, au hasard, Bruno Sourdin :

Juste ainsi

Mille battements d’ailes
_ Mille soifs
_ Besoin d’effleurer
_ Besoins de passer
_ La vie n’est qu’un souffle
_ Lumière et nuit
_ Regarde de tous tes yeux
_ Marche vers ta mort
_ Juste ainsi

Et Yekta  :

Belle convulsive, ballerine
jusqu’à l’heure du crime qui
nous délie, je nous souhaite
siamois dans l’ivresse,
divagantes victimes de nos
divins désirs, saignées à
l’unisson, sombrant dans cet
oubli qui reste le plus sûr de
tous nos comparses d’extase.
Coupeuse du feu des jours qui
courent en signes rouges sur
toute ma poitrine, il me tarde
d’écouter tes entrailles,
d’offrir un baiser sans âge au
brasier des mondes.

Avel IX, Les Amis de la Tour du Vent, 87 av Kennedy, 35400 Saint-Malo, France.
www.latourduvent.org


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