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"En première ligne". Thierry Renard. Conversation avec Christophe La Posta
Par Rémi Boyer

Cet ouvrage a été publié en coproduction avec l’Espace Pandora où le poète Christophe La Posta est chargé de la médiation. Cette rencontre entre deux poètes, penseurs et acteurs ou agitateurs de la société, est née à l’occasion du soixantième anniversaire de Thierry Renard.

Thierry Renard, appelé « le poète des Minguettes », fut à l’origine de l’association Pandora à Vénissieux en 1985. Il est surtout un poète-citoyen du monde et de ses marges, à la fois témoin et acteur de changement, compagnon de route des poètes des mots comme des poètes de la vie. Comédien, il est aussi auteur, éditeur, directeur artistique de l’espace Pandora, entre autres, mais toutes ses expressions prennent leur source dans la quête inconditionnelle de liberté du poète :
« Pour le poète, la vérité, dit-il, c’est d’abord sa liberté. Liberté d’inventer, de créer, d’exprimer – avec les mots de la tribu, le langage ordinaire.
Bien sûr, il y a aujourd’hui de nouvelles questions qui se posent, concernant notamment les droits humains, les flux migratoires, l’avenir de la planète, notre avenir à tous.
Ces questions ne touchent pas seulement les poètes mais l’humanité dans son ensemble. Pour sa part, le poète se doit d’y répondre avec ses armes – ou ses outils – à lui, les mots, la parole vive, la première parole. »

Inscrit dans le monde, le poète est un révélateur de ses turpitudes mais aussi un éveilleur à d’autres possibles. En proposant des regards multiples, décalés, froissés, en traquant les interstices de liberté oubliés, ils éveillent avec cet outil merveilleux et souvent confisqué par la marchandisation, la langue.

Les échanges entre Christophe La Posta et Thierry Renard mettent en évidence et interrogent la place essentielle du poète dans la cité, et ce dans un pays, la France, qui l’ignore, contrairement au Portugal ou à la Roumanie, entre autres, qui savent que les poètes détiennent et la fonction philosophique et la fonction prophétique (le prophète ne prévoit pas l’avenir mais suggère un plan pour construire un avenir choisi et plus humain). D’ailleurs Thierry Renard se revendique « agitateur poétique » afin de redonner une place et une parole à ceux qui étouffent sous le carcan des préjugés.

Le livre retrace un parcours de vie et d’altérité créatrice, de combats aussi. L’expérience accumulée, pensée par lente élaboration ou par fulgurance, a donné de nombreux fruits qu’il convient de partager. Ce livre est avant tout un partage bienveillant.
« Poète, auteur, animateur, agitateur, médiateur, acteur, artiste ou artisan, je ne relativise pas, bien sûr, mais je conserve tous ces termes en même temps, au masculin comme au féminin, au singulier comme au pluriel. Je prends tout en bloc, je ne laisse rien derrière moi, affirme Thierry Renard.
L’art a besoin de l’action culturelle pour se manifester dans l’espace public, et nous ne pouvons pas nous contenter de seulement rester entre nous, maintenus à l’écart, loin des vibrations du monde.
L’art doit être au service de l’émancipation humaine, voire la prolonger.
Il est de mon devoir de veiller à toujours élargir davantage le cercle des initiés. »

Le défi est immense. Le premier apport de ce livre est de nous démontrer qu’il peut être relevé, que les terres brûlées ou asséchées de l’esprit peuvent être de nouveau fécondes. Il met en garde contre le morcellement, l’éparpillement, la perte de vue de l’essentiel au faux profit de causes devenues des produits. Il invite les poètes à s’engager « aux côtés de celles et de ceux pour qui l’horizon n’est pas bouché ». Au fil du livre, il donne des exemples concrets de réalisations, des pistes, des ressources, des idées… La poésie redonne vie à la langue, elle n’est ni savante, ni populaire, elle est vitale. Elle permet de passer de la révolution, toujours présente, à la réinvention permanente de soi-même et de sa relation à l’autre. Elle est aussi politique.

Le livre est un tissage, fait de moments de vie, de pensées actives, de temps poétiques, de paradoxes dynamiques, de silences, de désirs, d’appels, de cris… une trame de vie qui nourrit le lecteur sur fond de liberté. Il parle à ceux qui savent que le poète est un acteur de changement génératif dans le monde et que toute vie accomplie est poésie.
 
Je n’imagine pas un monde sans poésie
je n’imagine pas non plus
le monde sans la présence des amis
 
Je n’imagine pas le monde
sans ma propre présence au monde
 
Un monde sans moi
mais pourquoi
Pourquoi
Pourquoi
Au fond
pourquoi pas
 
Je n’imagine pas un monde
sans la pleine liberté du poème
 
Je n’imagine pas
mais alors pas du tout
un monde
sans la diversité ou la fragilité
des écritures et des voix
 
Et j’imagine encore moins
l’existence sans le sens secret
voire caché des choses
 
Je n’imagine pas la vie sans
insolence sans dissidence
 
Je n’imagine pas la vie
sans mode d’emploi
sans incidence
sans chemin parcouru

En première ligne. Thierry Renard. Conversation avec Christophe La Posta

La rumeur libre Editions, Vareilles, 42540 Sainte-Colomb-sur-Gand
https://www.larumeurlibre.fr/


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