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Une anthologie sonore : l’insurrection poétique
Le coup de coeur de Lucien Wasselin

Il fut un temps où la poésie voulait changer le monde. Aujourd’hui, c’est l’économie qui mène ce dernier et la politique veut simplement accompagner les prétendues révolutions industrielles, agro-écologiques ou technologiques tandis que la poésie a quasiment disparu du catalogue des grands éditeurs. On sait ce que ça veut dire : cet accompagnement vise à "libéraliser" encore plus le monde du travail et cette disparition vise à étouffer toute voix discordante… Heureusement, de temps en temps, il nous est rappelé que la poésie n’est pas morte. C’est le cas avec ce CD, "L’Insurrection poétique", édité par EPM dans le cadre du Printemps des poètes 2015. Le choix a été fait par Bernard Ascal, un orfèvre en la matière puisqu’il met en musique et chante de nombreux poètes et qu’il dirige la collection Marc Robine (Poètes & Chansons) chez EPM. 23 plages qui nous renvoient à cette époque où les poètes prônaient "l’insurrection de la conscience contre tout ce qui enjoignait, simplifiait, limitait et décourageait" ! Du moins témoignaient-ils alors de nos espoirs et de nos luttes. Aujourd’hui, c’est le silence total sur les ondes : on n’entend plus guère Léo Ferré, Julos Beaucarne, Colette Magny ou Rosalie Dubois. Les chanteurs majoritairement, de nos jours, bercent pour mieux endormir le cher auditeur, voire l’abrutir. Rien de tel ici ; parmi ceux cités plus haut, on retrouve Colette Magny, Rosalie Dubois et Julos Beaucarne. Mais tout est à écouter. Belles voix, interprétations traversées par l’enthousiasme propre aux lendemains dont on espérait qu’ils allaient chanter, textes de poètes, chansons populaires, comédiens (comme Gérard Philippe l’inoubliable disant Liberté de Paul Éluard), interprètes oubliés des ondes (comme Jean-Roger Caussimon)… Tout est bon, tout est excellent ; le choix de Bernard Ascal est impeccable ; la preuve, c’est qu’on aimerait dix CD comme celui-là. Ascal donne même à entendre des auteurs occasionnels de chansons devenues mythiques (comme Sartre chanté par Marc et André), Le déserteur de Boris Vian interprété par Marc Robine…, il se fait même une place discrète avec deux extraits de ses précédents enregistrements (l’un de Fleuve atlantique, l’autre de Cahier du retour au pays natal) parus chez le même label.

Et, ce qui ne gâte rien, la pochette est illustrée d’après une affiche de Mai 68 ; de quoi être submergé par la nostalgie ! On est à l’opposé des soixante-huitards de salon qui encombrent les plateaux de la télé ! Mieux, on a envie de continuer le combat. Et, en plus, Jean-Pierre Siméon, le Directeur artistique du Printemps des poètes, signe une préface sur la pochette du disque, préface placée sous un exergue du poète beat Lawrence Ferlinghetti : "La poésie peut encore sauver le monde en transformant la conscience". Du travail nous attend !

L’Insurrection poétique. EPM, CD n° 986902, 13 €. Chez les bons disquaires.


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