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Quelques réflexions au sujet de « Soumission » de M.Houellebeck
Par Vincent Ferrier

Tout d’abord un rappel sur le socle de l’ouvrage : en France, du côté des élections présidentielles de 2022, à la suite de l’effondrement du bloc PS-UMP et de la menace d’ une victoire du Front National au 2ème tour, une alliance s’est faite entre ce bloc et un nouveau et influent parti islamique dit « modéré » ; celui-ci, par « moindre mal », prend le pouvoir tout en acceptant (comme par hasard) les orientations social-libérales des précédents. Ce qui l’intéresse en fait, c’est l’Education et la mainmise sur tout le système éducatif français : c’est ainsi , par exemple, que l’université de la Sorbonne devient « L’ Université Libre de la Sorbonne » désormais financée par l’Arabie Saoudite, etc…Dans ce cadre évolue, subsiste plutôt , le narrateur, professeur de lettres à la Sorbonne, spécialiste de Huysmans, qui traine sa solitude et son inaction de connaissances en femmes diverses, et décide un jour de donner sens à sa vie : athée, il essaie le christianisme, mais en vain ; il se convertit finalement , en conclusion du récit, à l’islam. D’où le titre Soumission.
La plume de M.Houellebeck est plaisante, sinon foisonnante au risque d’amener plusieurs digressions littéraires intéressantes certes, mais sans grand rapport avec le sujet du livre ; encore que la description réaliste par le menu des fréquents ébats sexuels du narrateur ne laissera pas chez le lecteur (ou la lectrice) un souvenir impérissable…Le corpus de l’œuvre est en fait essentiellement constitué des discours des deux principaux interlocuteurs et amis du narrateur, le nouveau président islamiste de la République et le nouveau ministre de l’éducation, lui aussi islamiste. Ces discours sont en fait un panégyrique de l’universalisme voulu de l’islam, de ses vertus unificatrices et parait-il salvatrices et, bien sûr, de ses exigences de soumission. Bien évidemment, sont absents de ces discours les concepts de résistance, de respect de la diversité humaine, de nation, de véritable altruisme, et finalement d’humanisme. Et personne, dans le récit, ne vient porter la contradiction, ou du moins suggérer le moindre doute. On peut s’interroger sur les raisons qui ont conduit Michel Houellebeck à produire cette œuvre au moment où le peuple français (parmi d’autres) est confronté à la barbarie djihadiste. La question principale n’est pas de connaître les rapports entre l’auteur et le narrateur (même si celui-ci parle à la première personne) – je note toutefois anecdotiquement que le narrateur fuit Paris lors de quelques affrontements armés pour le Sud-Ouest pour se mettre à l’abri, et que l’auteur a songé gagner le Sud-Est lors des attentats contre Charlie-Hebdo…). On connait les états de service littéraires notoires de l’auteur, notamment son prix Goncourt de 2010. Il sait donc qu’une œuvre échappe à son créateur dès qu’elle est publiée et qu’elle mène une vie propre dans ses rapports avec les lecteurs quelle qu’ait été l’intention initiale de celui-ci. L’œuvre en question ici, qui a bénéficié d’une couverture médiatique considérable, aide-t’elle précisément au renforcement nécessaire de la résistance aux forces obscurantistes du moment ? On peut en douter. Le texte sis en 4ème de couverture du livre, qualifie Soumission de « fable politique et morale » : à mon sens, il s’agit plutôt d’une farce dangereuse.

18 février 2015


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