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Les Hommes sans Epaules n° 51
Par Rémi Boyer

Le numéro 51 débute par une triste nouvelle, "La disparition d’Elodia Turki, notre Femme sans Épaules et de cœur". Nous avons déjà évoqué le talent et l’œuvre d’Elodia Turki. Voici quelques mots extraits du bel hommage de l’équipe des HsE à Elodia :
« L’œuvre d’Elodia est un inlassable chant d’amour aérien, dont certaines pièces n’auraient sans doute pas été renié par Hâfez, le grand maître de la poésie persane, lui-même. Langage épuré, image sensuelle et soigneusement ciselée, vocabulaire précis ; chez Elodia, l’amour côtoie le doute, la solitude, l’attente, l’absence et le questionnement de soi. »
 
Et quelques mots d’Elodia Turki qui démontrent son intuition de l’essence :
 
Le monde à travers moi se crée
 
Si je vis Tu existes
Et Tu meurs si je meurs
 
A l’intérieur de moi
un domaine effrayant
martèle mes secondes
 
J’ai recousu l’entaille
enfermé ce moteur et ma peur
et dans le lisse et la beauté
de mes masques
 
J’ai chanté !

 
Sommaire : Communiqué des HSE : "La disparition d’Elodia TURKI, notre Femme sans Épaules et de cœur", Poèmes de Elodia TURKI - Editorial : "Les Assises du Feu", par Christophe DAUPHIN - Les Porteurs de Feu : Edmond HUMEAU, par Paul FARELLIER, René de OBALDIA, par Christophe DAUPHIN, Poèmes de Edmond HUMEAU, René de OBALDIA - Ainsi furent les Wah 1, Poèmes de : Alain BRETON, Odile CONSEIL, Paul RODDIE, Michel LAMART, Béatrice PAILLER, Claire BOITEL - Une Voix, une œuvre : "Les univers imaginaires de Matei VISNIEC", par Christophe DAUPHIN, Poèmes de Matei VISNIEC - Dossier : "La poésie et les Assises du Feu : Pierre BOUJUT et La Tour de Feu", par Christophe DAUPHIN, Poèmes de Pierre BOUJUT, Claude ROY - La mémoire, la poésie : "Adrian MIATLEV, la clé du Feu sous la porte de la Tour", par Christophe DAUPHIN, Poèmes de Adrian MIATLEV, Pierre CHABERT - Ainsi furent les Wah 2, Poèmes de : Hervé DELABARRE, Daniel ABEL, Jean-Pierre ELOIRE, Maurice CURY, Facinet CISSE, Frédéric TISON - Les pages des Hommes sans Epaules, Poèmes de : Elodia TURKI, Christophe DAUPHIN, Paul FARELLIER, Alain BRETON, Odile COHEN-ABBAS - Ainsi furent les Wah 3, Poèmes de : Anne BARBUSSE, Pasqualino BONGIOVANNI, Alain BRISSIAUD, Alexandre BONNET-TERRILE, Maurice COUQUIAUD et les notes de lectures, informations et autres.

Un sommaire foisonnant dont le dossier est consacré à Pierre Boujut qui fonda en 1946 et anima la revue La Tour du Feu, Revue internationale de création poétique, résolument optimiste opposé à l’existentialisme et à toute forme de nihilisme. « Si vous n’aimez pas la vie, n’en dégoûtez pas les autres. Si votre existence n’a pas de sens, ne généralisez pas. » dit Pierre Boujut, ou encore : « A contre destin, sois toi. » La revue est poétique et politique : « Tout impérialisme – capitalisme ou égalitaire – écrit-il, est abject et absurde. Il s’agit de recréer une mentalité de paix et d’arracher les peuples aux envoûtements guerriers que certains se plaisent encore à pratiquer. »

Pendant trois décennies, la revue va célébrer la vie, la créativité, la fraternité, l’amitié… Les poètes se rendent à Jarnac, où Pierre Boujut demeure, pour participer à ce mouvement humaniste et libertaire. Jusqu’à cent poètes, témoigne son fils, participent à ces rencontres.

Christophe Dauphin rappelle les « sacrements » de la revue :
« 1/ Le sacrement du divorce, c’est-à-dire la désertion ; le droit de refuser ce que notre conscience réprouve. 2/ Le sacrement de la canonisation, le droit de dresser des statues aux amis et le devoir de le faire pendant qu’ils sont encore vivants. 3/ Le sacrement de l’illumination, c’est-à-dire de l’instant béni de la création qui met le poète en communion avec l’univers. Le quatrième sacrement aurait pu être le sacrement de la contradiction, tellement celle-ci (la contradiction) est au cœur des débats du groupe. »

Cette revue, conservée précieusement par ceux qui ont su se la procurer, fut marquante pour beaucoup. Pierre Boujut a lui-même publié une vingtaine de recueils de poésie. Voici un poème extrait de La vie sans recours (1958), véritable profession de foi.
 
_ Le baptême du poète
 
Il s’est jeté au feu avec nous
et maintenant il ne pourra plus
retourner chez les serpents
chez les glissants, chez les rampants
chez les fuyants entre deux eaux.
 
Il a la marque sur son front
il a la fièvre dans ces veines
et sur ses lèvres dévorantes
il a posé le pur charbon.
 
Quoiqu’il arrive à son navire
quoiqu’il décide en son sommeil
il est signé de notre amour
il est choisi pour un bonheur
qui s’élève à notre horizon
et le compas des solitudes
n’aura plus centre en son cœur.
 
Ô mes amis, plus haut que moi
formons l’essaim de vérité
et sans redouter les prophètes
écouter naître le passage
de l’arbre à l’hirondelle
de l’étoile au poème
et de la Tour de Feu au retour éternel.

 
« La poésie est un moyen de salut individuel et de transformation à la fois magique et révolutionnaire du monde, nous dit encore Christophe Dauphin. Qu’après avoir sauvé le poète, elle soit capable de sauver d’autres hommes, voilà pour Pierre Boujut le plus sûr critère de sa valeur. Pour lui, les poètes sont des prophètes, non pas des meneurs. »
 
Les Hommes sans Epaules n° 51. Les Hommes sans Epaules Editions, 8 rue Charles Moiroud, 95440 Ecouen.

www.leshommessansepaules.com


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