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La Révolution est-elle soluble dans la démocratie ?
Un texte de Thierry Renard

Le vieil homme, qui est revenu de tout,
du seuil de sa maison, sous le tiède soleil,
regarde le chien et la chienne défouler leur instinct.

Cesare Pavese, Travailler fatigue

L’angoisse du poète face au monde complexe. Elle est là, présente. Et pareillements ont présentes Sonia et Carla, dès l’aube, à mes côtés...

De très nombreuses tâches m’attendent encore. Alors je referme la page du jour, mais avec un peu de sensualité. La beauté rend meilleur.

Pensée Positive Permanente... Oui à la PPP, donc ! Et c’est, ici, les trois initiales de Pier Paolo Pasolini, notre cher poète assassiné.

*

Je ne joue jamais, à part peut-être avec les mots, ou avec les maux — des autres. J’ai commencé par entendre les pensées des gens autour de moi. Au début, je les prenais seulement pour des voix, je pensais que la solitude (comme le soleil) me tapait sur la tête. Puis j’ai su qu’il s’agissait bien des pensées des autres.
Un poème s’impose, disait l’un.
Le monde est triste et beau, disait l’autre.

*

De bon matin, sous la pluie, déjà un long baiser.
La suite, en somme.D’hier à demain, directement,ou presque.
Demandons toujours plus, vivons toujours mieux. Exigeons le bonheur terrestre.

Notre histoire, notre culture, notre bon sens et une pointe de réalisme nous sauveront.

Sans hasard et sans passion.
Sans vie tout court.

*

Laissons tomber. La langue anglaise est une langue déjà morte.
La poésie, la musique, avant les plus sombres moments. Et l’espoir, mes amis. Toujours l’espoir. Soyons très attentifs au moindre bruit qui court, à la plus petite rumeur, à la voix la plus basse. Attentifs, j’ai dit.
Par les pores de mon chagrin tout nu, la vérité transpire. Et l’amitié est nocturne — insomniaque, comme l’amour.

Ne manquons pas notre année 2013. Sans élections, cela va nous reposer un peu.
Mais dévoilons aussi nos visages. Le corps social en lutte ne porte aucun masque.

J’ai simplement dit oui à la dictature du spaghetti.

*

Mon père est mort en septembre 2008, et je n’ai toujours pas trouvé les mots pour écrire le grand livre que je lui dois.
Un père communiste ? Pourquoi pas.

Laissez-nous encore un peu de temps...
Le changement aura toujours besoin d’une majorité.
Le bonheur, certes. Mais le bonheur commun.

*

Ananda, Ananda Devi, la romancière-poète, la discrète finalement.
Elle avait fait un bout de chemin avec nous, en 2006, pour célébrer la mémoire de Senghor. Et elle était récemment à Saint-Malo. J’aime cette femme-là. Je l’ai dit, discrète…Et cependant tellement présente.
« Jamais le monde ne nous paraît si beau que lorsque nous parvenons à faire des mots son miroir ».

*

Oui, c’est sûr, il y a eu et il y a des salauds chez les communistes. Mais leur mémoire est tout de même sauve. Roger Garaudy, lui, c’est un fait :esprit égaré, très loin du sommeil du juste et des rêves qui nous hantent. Mais de là à prétendre qu’il y aurait en tout utopiste debout un raciste et un antisémite qui sommeillent (car ils vont généralement par deux), cela me blesse au plus intime.
Pourquoi ? Parce qu’il reste toujours, au fond, une parcelle d’espérance. Albert Camus l’a dit, l’anticommunisme est le commencement de la dictature. Et, pour prolonger Roland Barthes, je veux bien être « communiste » pour ne pas être un assassin. Lui disait je crois, plutôt, « libéral ». À chacun son destin et ses propres frissons !
Je voudrais tellement écrire un texte qui parvienne à dire ce qu’est réellement pour moi le communisme. Cependant, dans mes oreilles, il y a le jazz.
Du jazz !
Ce jazz qui n’est jamais un assassin.

Les salauds et les cons paieront. Et, pour finir avec Rimbaud, moi, je suis intact, et ça m’est égal.
De grandes douleurs qui traînent, là encore...
Et c’est pour mieux choisir ses propres amis.
L’antisémitisme est le commencement de la barbarie.

*

Toute notre vie est un fond de tiroir.Et aujourd’hui est un poème à offrir.
La poésie c’est la vie, et la vie hélas n’est jamais la solution. Maison y va, on y pousse, léger.

C’est pourtant vrai, il y a partout un voile, comme un voile de fumée ou un voile de mariée.Il s’agit de le relever, tel un défi.
C’est pourquoi j’aime ça, moi, le poème et la poésie. Traduire, c’est déjà redire. Et c’est, surtout, relire et relier.
Il est grand temps de, de nouveau, tout partager.

Mais toute notre vie est un fond de tiroir. Nos amours aussi, parfois. Et nos amis,nos parents. Et nos...
Fond de tiroir et cruel paradoxe !
Il y a des soirs où ça sonne juste, où tout est vif dans l’air.

*

L’éclat du jour, la beauté des amis : Charles (Juliet), Olivier (Fischer), Valérie (Rouzeau). C’était en mars dernier, à l’occasion du Printemps des poètes à Vénissieux.
Nous, encore, pour la nuit.
Nous, encore, pour la vie.

*

Heureux d’avoir une fois de plus repris langue avec lui.
Le poème d’abord, le poème toujours.
Et, après le poème, le nu.
Mon double, presque. Mon ami, en tout cas.

Un début, tout début, de rangement dans ma tête.
Et, surtout, qu’elle n’explose pas…Voilà tout.

*

Maintenant.
Tout le monde est couché, et je peux bien m’absenter.
Ici. Ailleurs. Partout.
Dormir. Même un peu.

Soyons fiers, soyons fous !
Là encore, devant nous, devant nos chairs blessées et nos yeux égarés : tous les matins du monde.

*

La poésie est un moment de partage, ainsi que tout élan, d’ailleurs. Il fait chaud. Trop. Je me tiens en retrait, avec un livre et des songes.
J’embrasse les amies, celles qui me portent dans leurs bras.

Vos choix sont les miens. J’ai essayé de mélanger révolte et douceur, colère et tendresse. Mes mots sont les vôtres.
L’incident du jour est clos. Le futur se rapproche enfin. L’espoir est là, vivant, digne et dressé.
Rouvrons le champ de l’imaginaire.

La révolution... (suite)

Puisque tout le monde meurt, je voudrais mourir en faisant l’amour.
Louis Calaferte La mécanique des femmes

D’autres courts partages nocturnes. Après, j’irai vraiment me coucher.
L’été, peut-être, enfin...
Côté couleur, tout un pays se libère.

Mais ne voit-on pas que le langage, les idées, les ébats amoureux, les gestes les plus quotidiens, les rires aussi, les regards, les assemblées, les veillées et les voyages n’ont plus vraiment ni consistance ni saveur…

*

Avant Bamako.
Et sûrement un nouveau départ. Dedans et dehors, toujours.
Prenez-vous, quittez-vous, recherchez-vous tour à tour.

Tous les matins du monde ! Entre nous, par et pour nous.
Le bout des doigts.La main à plume, la feuille. Sur la table.
Dès le matin, on négocie.

Oui, la liberté ! J’avais une devise naguère, qui tenait en trois mots : Poésie Amour Liberté. Mais ce n’était pas suffisant.

J’arbitre sans plus attendre. J’affectionne tellement les lointains et le papier. Les lointains pour le dépaysement et le papier pour l’écriture.
Là encore, tous les matins du monde.
Trop tôt, toujours trop tôt.

*

Dormir. Même un peu. Toute la nuit, en somme.
Une pensée vole vers toi, Michèle (Picard). Il suffit de l’attraper. La poésie c’est la vie. Amitiés toutes nocturnes, je m’envole jeudi pour le Mali.

J’aimerais beaucoup être patient.
Alors, je décide enfin d’être et de rester — très — patient. Dans la lenteur, même.
Soi-même. Avant de pouvoir s’ouvrir aux autres.

*

Avec mon ami Jamel (Morghadi), nous partons pour le Mali, destination Bamako, afin d’y présenter une exposition de photos de Michel Calzat et notre ouvrage commun (avec,encore, Joël Bastard), Les poussières du vent se lèvent tôt. Retour prévu vers le 5 juillet.
Je ne suis pas certain de pouvoir dialoguer avec vous durant ces jours-là, de pouvoir échanger à ma guise... Alors je referme provisoirement la page, cette page, ma page, qui cependant vous adore (et c’est le mot juste) et vous espère déjà.

Aucune certitude, jamais !
Un cœur qui bat, c’est déjà ça.

*

La moiteur dès l’aube. Saison des pluies.

Pour la diversité des pensées, le partage des langues,la pluralité des mondes et l’abondance des sentiments, manifestement !

*

Depuis Bamako, au Mali.
Un mélange de jour et de nuit, de soleil et de pluie.
Les pièges sont là. À nous d’imaginer le meilleur, non le pire. Et d’inventer notre bel avenir.
Nous sommes et nous resterons de vrais et impeccables rêveurs.

Nous sommes venus saluer les poussières du vent qui toujours se lèvent tôt.
Et nous n’avons rien pu faire,nos petites armes étant les mots.

Que faire ? À part du bruit. Grand bruit.
Les fondamentalistes musulmans d’AQMI ou les intégristes d’un autre groupe armé ont encore frappé, des monuments cette fois.

Alors une seule preuve, ou une seule réponse, soyons (demeurons) incertains.
Et, aussi, un peu fous.

*

Quelques mots mêlés, entre jour et nuit, entre soleil et pluie.
Je dois toujours laisser une marge d’anémie, d’irréalisable, voire d’imperfection, sans laquelle il n’y aurait pas, pour moi, d’écriture possible.

— Où sont les toilettes, s’il vous plaît ?
— Derrière les arbres.

*

Vive la littérature, la peinture, la musique, le cinéma, les coquelicots, l’alcool et la gastronomie.J’espère que je n’ai rien oublié.
Encore de belles journées en perspective.

J’espère qu’elle restera vive comme la flamme, intacte comme le poème, maladroite comme l’émotion ou le désir.
— Qui ?
—La rencontre.

Le soleil brille.
L’éternité dure (trop) longtemps.

*

Je quitte ce soir Bamako.
Mauvais geste. Je reprends. Je refais surface, et je reviens avec des mots. Nouveaux.

Je voudrais tant (ra)conter cette période unique — avec ses hauts et ses bas, mais toujours avec beaucoup d’émotion.
J’ai déjà pris des notes, mais elles sont trop sur le vif et sur le fil. Je vais attendre un peu.

Revenus. Après un lent voyage au temps coupé.
Revenus. Neuf jours d’errance. Derrière moi, derrière nous.

C’est le temps passé à faire les choses qui compte.Mes mots sont des dépôts de temps.

*

Toutes ces choses que j’apprécie. Tellement de choses, en fait.
Vive la (notre ?) simplicité « commune ».
Le doute, lui-même. Parmi nous. En nous.

Conseillons à nos amis de l’UMP la lecture intégrale des œuvres de René Depestre et de Raoul Vaneigem. Les secrets et les beautés du désir, l’érotisme solaire, le réalisme merveilleux, la liberté grande.

Une langue maternelle. C’est beau comme la vie, et ça sonne juste. Pour moi, entre France et Italie, ça se situe.

De Mazarine Pingeot : « Le rythme des jours peut aussi se mesurer aux allées et venues d’un homme qu’on aime ».
Se mesurer, pareillement, aux pas de la femme aimée, désirée.

*

Il n’y a rien de plus beau. Partager un ciel d’été, même voilé.
Et la pensée est la pleine lune de nos rêves (parfois).

Quelle belle clarté : escalader le ciel incendié. J’aurais aimé, beaucoup aimé, écrire cela.
Dès l’aube, toi, maintenant.

Nouvelle semaine, et un retour aux renaissancesdécrites.
Autre source, autre geste. Autre mouvement.

Robert, toujours Robert.
Mon second prénom, vous allez rire, eh bien c’est Robert.

Allez, bonne plage, pendant que nous planchons.
Sale temps pour les poètes, en effet.

Je cherche, je cherche, pour aller dans les étoiles la nuit et dans les nuages le jour.
J’aime l’amour et l’amitié. Plus petit que tout, l’amitié, mais bien PLUS que tout. Les deux vont ensemble, inséparables.

*

La nostalgie des temps fiévreux de l’enfance enfouie.
Après Bamako, où ça chauffe encore aujourd’hui, je reviens de Berlin — où j’étais en compagnie du poète Jean-Baptiste Cabaud. Je me remets de toutes ces nombreuses émotions. Demain matin : réunion d’équipe à l’Espace Pandora. Samedi (14 juillet), ma traditionnelle dictée républicaine (Rousseau !) à Vénissieux. La vie se poursuit. Envie de lire et d’écrire, besoin de repos.
Et maintenant, où aller ?
Maintenant il s’agit encore d’écrire, donc de vivre — sur le fil.

Nous y sommes. Debout, et un peu fatigués.
Un poème pour la nuit et pour Sonia, un poème sans cesse revisité.

Elle éclaire mes nuits et redonne du sens au mot jour.
Heureux, presque.Belle nuit par-delà le fil du décor.
Il va falloir, simplement, maintenir le cap.

Minuit déjà passé. Musique, maestro ! Derrière les ailes du désir,mes petits héros diaboliques et lyriques, Elvis Costello et Nick Cave, ensemble.

*

Lui. Elle, maintenant.
— Tu as raison !
Sous les néons.

— Chut ! C’est discret. C’est…
Le choix de l’intime.

Je pense en effet que l’on ressemble tous à ça. Et nos os sont égaux.

*

Je me souviens... Sur les toits de Paris.
La langue n’est jamais de bois.
Demain, il faudra écrire des livres.

Il faut savoir revenir sur ces terres, sur ces terres-là, ses propres terres...
Le seuil du jardin, sans hésitation.

Premiers souvenirs, premiers mots.
Une femme me hante encore.
L’œil du monde. La nudité crue.

Quand on dit que les écrits restent... Est-ce que c’est seulement vrai ?
Filmer le monde, la petite beauté ordinaire du monde.

Andrée (Chedid) partie. Quelqu’un nous manque.

*

Abolir toute nuit, toute idée de nuit.
Et, maintenant, dormir.

Sans doute avez-vous raison... Je chercherai les mots qu’il faut, ceux du poète, pour pouvoir préciser ma pensée. Soyez-en assurée. Loin de moi l’idée de privilégier un camp oppressif face à un autre. Et puis j’aime vraiment les femmes, la FEMME dans son entier, sa nudité. N’y voyez rien d’autre pour le moment.

Les ailes de Chamoiseau. Senghor, lui, c’était le chat-tigre. Et, Chamoiseau, c’est l’oiseau-chat. Voyons donc plus loin, et laissons les images s’envoler. L’amour est, peut-être, à la source du désir. Mais je m’interroge encore.

De mon côté, je voudrais rendre la parole et la liberté à celles qui risquent de tout perdre. Pour moi, le poème-image, ou bien l’image-poème, a lui aussi son mot à dire. Vive la liberté poétique et vive la vérité pratique.
Au fond, parmi les seuls authentiques problèmes vraiment sérieux, il y a la religion, toutes les religions. Marx disait déjà l’opium du peuple.
De mon côté, je poursuivrai la lutte jusqu’au bout contre toute forme d’oppression. Et les oppressions religieuses blessent ma part la mieux enfouie. La vie est belle et courte, ne perdons pas notre temps. Vivons pleinement sur les crêtes du désir et de la passion. Préférons le flou artistique aux fous religieux. Soyons humains et libres.

Petit mot, en passant, avant d’aller au lit.
L’imaginaire humain est sans limite. La liberté humaine est, elle-même, sans limite. Les seules réserves acceptables sont celles qui empêchent de piétiner l’autre. L’autre, lui aussi libre et humain. Bientôt la nuit, si nous ne faisons pas attention. Bientôt la nuit de l’homme — sous un ciel privé de lune et d’étoiles, filantes ou pas.

Même au milieu du bruit des machines, il y a bien un érotisme solaire et un réalisme merveilleux.
Chassons, chassons, veux-tu bien, les idées noires et les passions tristes.

Tous les matins du monde.
Tous les oiseaux de l’aube.


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