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L’histoire d’un mec… et d’un crime
Philippe Pivion conseille « Le régisseur » de Jeanne Desaubry

« Ceci est un roman. Puisque c’est une fiction, tout est faux, bien que tout soit vrai ». Ainsi, avertit « l’autrice », son livre est une vraie fiction. L’histoire de Marie (Jeanne ?) maîtresse de René Gorlin, régisseur de Coluche, assassiné en novembre 1980. Un crime politique ? La candidature de Coluche aux présidentielles peut rebattre les cartes, Giscard d’Estaing s’inquiète, Mitterrand n’est pas tranquille. Un crime crapuleux ? Le régisseur n’est pas aussi innocent qu’il en a l’air, le monde du spectacle est infiltré par la pègre, le lecteur en apprend de belles !

Ce livre a une histoire propre. Une première fois publié sous un autre titre, puis retravaillé, changé d’ordonnancement, il reflète le travail de l’écrivain. Celui-ci n’est pas l’acte d’écrire, mais de revenir sur son travail, de le corriger, de le peaufiner, de changer le nom de ces personnages et l’agencement de l’histoire. Un livre est-il jamais terminé pour son géniteur ? Desaubry dans sa démarche montre que non.
Le Régisseur est écrit en boucle, le premier chapitre étant lui-même l’épilogue. Entre les deux, l’histoire hallucinante d’une enquête policière menée plus par Marie que par le Quai des orfèvres. L’enquête piétine, elle est alors le prétexte à une immersion dans le monde du spectacle, Coluche n’est pas que l’amuseur, ni celui qui fout le bazar dans le monde politique, on découvre sa face obscure. Crime politique ou règlement de compte ?...

Marie accouche d’une petite orpheline avec retard, comme Jeanne accouche de son roman avec difficulté. C’est un vrai roman noir, les descriptions de la parturiente, veuve, sont d’une grande finesse bouleversante. On tremble à cette épopée. On frémit devant les attitudes de flics insensibles, on s’indigne des amis qui trahissent, qui disparaissent. Et puis d’outre-tombe, Gorlin interpelle Marie, lui parle d’amour, de désir, de regrets. « Putain, fait chier, j’suis mort ».

Un livre noir à ne pas manquer pour une belle nuit blanche.

Le régisseur, de Jeanne Desaubry, éditions de l’Archipel


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