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« L’État contre les communistes 1938-1944 », de Louis Poulhès
La critique de Philippe Pivion

L’Histoire est politique. Elle représente un enjeu déterminant pour la classe sociale dominante, au sens où sa connaissance donne à comprendre, à appréhender le mouvement du monde, à dévoiler ses desseins.

À ce titre, la lecture du livre L’État contre les communistes 1938-1944, de Louis Poulhès contrebalance l’histoire véhiculée sur la prétendue entrée tardive en résistance du Parti communiste, qui aurait attendu l’attaque nazie du 22 juin 1941 contre l’Union soviétique. Cet ouvrage contient une masse d’informations et de références qui le rende indispensable. Il aidera celles et ceux qui sont parfois à court d’arguments sur la période 1939-1941.

Le travail de Poulhès démontre qu’il n’a pas fallu attendre la guerre pour que les attaques aient lieu. L’offensive remonte à 38 au lendemain de la capitulation de Munich à laquelle le PCF s’est opposé, seul. Lors du congrès du Parti Radical, Daladier, y déclare les communistes fauteurs de troubles, qu’il faut remettre la France au travail. Tout l’appareil d’État en mis à contribution pour cet objectif. La CGT est visée avec la condamnation de plus de 800 militants à de la prison ferme au lendemain d’une grève. Le fichage des syndicalistes et communistes est réalisé par la police. Tout est prêt pour aller plus loin dans la répression à la première occasion.
Le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 en est le prétexte. Il est conclu alors que la France et l’Angleterre faisaient tout pour ne pas signer un accord de défense réciproque avec les Soviétiques. Dès le lendemain, l’Humanité et Ce Soir sont saisis. Le jour suivant, ils sont interdits, un mois après le PCF est dissous, ses députés, restés fidèles, emprisonnés et déchus de leur mandat. La guerre déclarée, la répression va connaitre un rythme endiablé poussant à la clandestinité ses dirigeants. La drôle de guerre, si elle épargne les forces nazies, voit un déferlement de mesures contre ceux qui sont accusés de ruiner l’effort de guerre, pourtant inexistant. À ce titre, le garde des Sceaux, Albert Sérol publie un décret punissant de mort les personnes accusées de démoraliser l’armée et la nation, entendez les communistes. La débâcle survient et l’ascension de Pétain, porté par la bourgeoisie, est réalisée. S’ensuit une coopération scandaleuse avec les Allemands pour pourchasser les judéo-bolcheviques, les indésirables.

Dès le 17 juin, Charles Tillon, au nom du PCF, appelle à combattre le gouvernement fantoche et les troupes occupantes. Pas un autre parti n’aura survécu à la débâcle et seul le PCF en publiant une Humanité clandestine arrive à riposter. Il lui faut pourtant se réorganiser apprendre la clandestinité, la sécurité. Il soutient et réussit des mouvements de grève dans le Nord, des manifestations pour le 11 novembre, des regroupements revendicatifs. Ses militants sont emprisonnés dans des camps de concentration français dans lesquels l’occupant n’aura qu’à puiser pour les fusiller ou les envoyer en Allemagne par dizaines de milliers. Alors oui, il faut attendre l’attentat d’août 1941 de Pierre Georges (futur colonel Fabien) pour que l’action armée débute. Comment en aurait-il pu être autrement ? C’est une lutte à mort qui est engagée depuis 3 ans.

Je n’irai pas plus avant dans ce livre foisonnant, dont la lecture bouleverse devant tant de souffrance endurée, d’abnégation, de courage.

L’État contre les communistes 1938-1944 de Louis Poulhès, éditions Atlande 800 pages 19€

Article pau dans l’Humanité du 27 août 2021

Un débat avec l’auteur est accessible sur le site de la fondation Gabriel Péri :
https://gabrielperi.fr/initiatives/cat-seminaire/letat-contre-les-communistes-1939-1944-avec-louis-poulhes/


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