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Irina Acte I
Par Jacques Barbarin

Le 25 septembre va s’ouvrir au TNN la première saison de la « mandature » d’Irina Brook. Mais avant de vous en dévoiler les grands moments (et ils sont nombreux), il me faut vous dire que, loin d’être une collection de spectacles, cette programmation a une véritable colonne vertébrale, une ligne éditoriale

Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, sommes de simples acteurs. Shakespeare

Une ligne éditoriale représente l’ensemble des choix et décisions, aux fins de se conformer à une ligne morale ou éthique définie. Et en lisant la –fort belle- plaquette de la saison, il apparait à l’évidence que cette colonne vertébrale est Shakespeare, que Irina connait bien, et dont elle veut faire un rendez-vous à chacune de ses saisons. Je vous rappelle ce qu’elle disait l’an dernier lors d’une interview pour Ciaoviva…

« Question : ce que je trouve dans le théâtre anglais – tout au moins dans celui que je vois ici- c’est qu’il y a ce que j’appellerai une "british touch" notamment rapport à Shakespeare où il y a une manière allègre, voire impertinente -ce qui ne me dérange pas – de s’en emparer : je pense à vous dans "Tempête", dans "En attendant le songe". Donc l’on atteint plus les gens par l’humour et le rire.

Etrangement, ça prouve ce que je dis toujours, c’est que Shakespeare appartient à tous aussi bien au français qu’aux anglais. Partout dans le monde tout le monde le sais, tout le monde revendique Shakespeare comme le sien : en Géorgie, en Russie, aux Etats Unis, mais les français n’ont toujours pas admis que Shakespeare est leur auteur à eux. Et pourtant c’est bien ça le cadeau de Shakespeare à tous les metteurs en scène du monde, c’est qu’il se laisse tirer dans tous les sens et permet les inventions de chaque metteur en scène et qu’on n’a pas besoin de le défendre, il se défend très bien tout seul. Il y a une idée au centre de toute l’intelligentsia théâtrale française c’est que le rire, c’est mal vu, l’humour c’est pas possible. Et si on fait du bruit, on rit, on s’amuse, c’est qu’il y a quelque chose qui n’est pas valable dans le travail. Et ça c’est quelque chose que je revendique dans mon coté anglo-saxon : en Angleterre, en Amérique, on peut rire dans une pièce sans que cela soit mal vu. Ici le public est formidable, et on l’a vu avec l’accueil de « Tempête ! » : c’est vrai qu’il y a beaucoup de légèreté, mais cela n’enlève pas la profondeur. »

Nous serons avec Irina « tout autour » de Shakespeare que ce soit avec une mise en scène du fabuleux Dan Jemmet, Macbeth [The Notes], un travail sur King Lear, King Lear fragments, une version que je devine passionnante de Twelfth Night, (au fait, pourquoi la version française de Twelfth Night -littéralement La douzième nuit)- s’appelle La nuit des rois ?), le savoureux Banquet Shakespeare, concocté par Ezechiel Garcia Romeu, Shakespeare e le nuvole (Shakespeare et les nuages) et Le tour complet du cœur, d’après les 37 pièces de Will. Cerise sur le gâteau, Les Sonnets (traduction et adaptation de Pascal Collin) avec au chant Noria Krief, et ça c’est de la référence. Bien évidemment les pièces non en langue française seront surtitrées.

La saison commence par une mise en scène de dame Irina, Peer Gynt, d’après Ibsen. Je dis bien d’après Ibsen car y sont rajouté des poèmes de Sam Sheppard et des chansons d’Iggy Pop. Et cette vertu du mélange, c’est typically british, isn’it ? C’est la différence entre l’apparent fouillis du jardin anglais et le sage ordonnancement du jardin français. Ce spectacle a été créé dans le cadre du festival de Salzbourg. Excusez du peu.

La pièce est une farce satirique douce-amère proposant une quête de l’identité indéfinissable, remplie d’humour sous des dehors graves et débordants de charges satiriques. L’histoire peut se résumer ainsi : un anti - héros, prétentieux et aventureux, part défier le vaste monde et rate tout ce qu’il entreprend avant de découvrir, seulement à la fin, la vérité de la solitude de son unique individu.

Des créations, vous en voulez, des créations ?

Bigre, conception et mise en scène de Pierre Gallois. Une pièce sans paroles, sans mimes et sans codes connus.
Hov Show, de Hovnatan Avédikian, mise en espace d’Irina Brook.
Lostland, un spectacle musical de Mauro Gioa.
Hôtel Europe, de Bernard Henri Levy, mise en scène Dino Mustafic, avec Jacques Weber. Un hôtel à Sarajevo, un texte chaotique et lyrique, tragique, et souvent drôle.
Shakespeare’Sister ou La Vie matérielle, d’après La Vie Matérielle de Marguerite Duras et Une Chambre à soi de Virginia Woolf, adaptation et mise en scène d’Irina Brook.
Agamemnon – Eschyle (troisième partie de la trilogie Les Enfants d’Atrée) mise en scène de Cyrille Cotinaud. Je recommande chaudement.
Coup fatal, KVS et les ballets C de la B, Direction artistique Alain Platel.
Je me rappelle, en Avignon, de Bonjour Madame, comment allez-vous aujourd’hui, il fait beau, il va sans doute pleuvoir, et cetera (1993), de Bernadetje (1996) de Tous des indiens (1999)
Les Caprice de Marianne, mis en scène de Frédéric Bélier Garcia (je re-recommande).
Toujours la Tempête, de Peter Handke, mise en scène Alain Françon (là aussi, excusez du peu).
Tsunemasa, d’après un conte Nô écrit au XIVème siècle, Chorégraphie Eric Oberoff

Au total plus d’une quarantaine d’œuvres, théâtre, cirque danse… J’ai butiné pour vous L’homme qui plantait des arbres, de Jean Giono, par la compagnie Arketal, Ménélas rébetiko rapsodie, un spectacle de Simon Abkarian , Circo équestre Sgueglia mise en scène Alfredo Arias, Le principe de réalité, de Frédéric de Goldfiem et Jonathan Gensburger, 2 soirées du festival MANCA (Musiques Actuelles Nice Côte d’Azur), La vérità, un spectacle de cirque tissé autour du rideau de scène de Salvador Dali et un spectacle dont le nom m’enchante, Italie-Brésil 3 à 2, récit minute par minute du match de football du 5 juillet 1982 qui a fait de l’Italie la championne du monde. Et puis, au fond, allez voir tout le reste.

Une saison qui va aiguiser notre appétence à la découverte d’autres mondes.
Thank you, Milady.

Pour tous renseignements www.tnn.fr


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