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Impact de la mercatique économique sur le panier de la ménagère au Burkina Faso, au Sénégal, en Thaïlande et au Vietnam
Par Nguyen Dac Nhu-Mai

La mercatique, traduction française du terme anglais marketing, peut être définie comme l’ensemble des actions ayant pour objectifs d’étudier et d’influencer les besoins et comportements des consommateurs et de réaliser en continu les adaptations de la production et de l’appareil commercial en fonction des besoins et comportements précédemment identifiés. Définition adaptée de celle du journal officiel définissant la mercatique Voir Enquête : Quelle mercatique pour la francophonie économique. Dans www.apfa.asso.fr

A l’heure du bouleversement du cadre de vie en Afrique et en Asie, il nous semble intéressant de nous pencher sur les cris d’alarme pour l’alimentation dans les pays les plus vulnérables en particulier au Burkina Faso, au Sénégal, en Thaïlande et au Vietnam, concernant entre autres, le panier de la ménagère.

Quel est l’impact du panier des essentiels de l’alimentation des ménages ?

En Europe et en particulier en France, le « panier des essentiels » [1] consiste en une dizaine de produits « de qualité à prix attractifs » proposés en grandes surfaces, comportant nécessairement un fruit, un légume, une viande, un poisson, un fromage ou produit laitier et une boisson. Si le panier moyen est la somme moyenne dépensée par chaque client, on calcule ce panier moyen en divisant le chiffre d’affaires par le nombre de clients passés en caisse sur une période définie.

En Afrique, entre autres le Burkina Faso et le Sénégal et en Asie, la Thaïlande et le Vietnam, l’alimentation familiale en particulier est gérée par les femmes. La consommation journalière dépend de la bourse de chaque famille, différente de la campagne à la ville, les disparités villes/campagnes étant toujours aussi importantes. De plus, le coût de produits frais dans les marchés varie d’un pays à l’autre, et des zones rurales aux zones urbaines.

Au Burkina Faso en 2017

Tomate, oignon, aubergine, choux, courgette, gombo, feuille d’oseille, sont les condiments de base de la cuisine dans un très grand nombre de familles burkinabè. Des produits nécessaires, qui à certaines périodes de l’année valent de l’or. Les femmes savent à quelle période les produits deviennent inaccessibles. Selon l’enquête de Martiale Zongo : « C’est ainsi tous les ans. Nous les femmes savons qu’à l’approche de la saison pluvieuse, les condiments deviennent de plus en plus chers. Parfois il n’y en a même pas. Donc au moment où c’est moins cher nous essayons de conserver certains produits, mais c’est toujours difficile car il arrive qu’on n’ait même pas assez pour le manger du jour, n’en parlons pas pour conserver ». Quand ça devient très cher, on ne cherche pas à avoir un bon plat, on cherche à avoir à manger ». Par ailleurs, le mil, le maïs et le sorgho sont les produits alimentaires les plus importants pour la consommation ménagère burkinabè. Le mil est le produit de base des ménages les plus vulnérables, tandis que le maïs et le sorgho contribuent aussi au panier alimentaire de la majorité des autres ménages. Le marché de Sankaryare est le plus vaste et le plus important de Ouagadougou approvisionnant d’autres marchés du pays et dans la région. Koudougou se trouve dans l’une des régions les plus peuplées du pays, où une majorité des ménages dépend du marché pour son ravitaillement alimentaire. Djibo se situe dans la zone sahélienne, hautement vulnérable. Pouytenga est un marché de regroupement pour les produits du Nigeria, du Ghana, du Bénin et du Togo. Solenzo est un marché rural situé au milieu d’une zone de production excédentaire. Bobo Dioulasso est un important centre tant pour la consommation que pour la production faisant office de capitale économique du Burkina-Faso et se trouvant dans une importante zone de production céréalière.

Au Sénégal en 2017

Selon Ahmed Aidara, l’indice harmonisé des prix à la consommation du mois de juillet 2017 a progressé de 1,5%. Cette évolution, "résulte principalement de l’augmentation des prix des produits alimentaires et boissons non alcoolisées", des services de "loisirs et culture" et des "restaurants et hôtels". En ce qui concerne les "produits alimentaires et boissons non alcoolisées", leur prix ont augmenté de 3,4%. Cela, à cause de la hausse des prix des légumes frais en feuilles de 26,4%, des légumes frais en fruits ou racines, 25,2%, des poissons frais, 12,6%, des tubercules et plantains, 10,8%, ainsi que des viandes de bœuf, 2,3%.

La baisse de la production maraîchère, et celle de l’offre en poissons frais, en début d’hivernage, expliquent l’augmentation des prix constatés. En variation annuelle, les prix de la fonction se sont accrus de 5,5%". De plus, la hausse des prix des services de "loisirs et de culture" de 3% est liée au renchérissement des forfaits et circuits touristiques composites de 8,9%, avec la hausse des frais de pèlerinage à la Mecque. Le renchérissement des services de "restaurants et hôtels" de 1,7% est induit par celui des services de restaurants, cafés et établissements similaires estimé à 1,8%.

En Thaïlande en 2017

En parcourant les comparaisons des prix des produits entre la France et la Thaïlande, des expatriés Français expliquent que Cela dépend en grande partie des choix de vie que l’on fait et des habitudes de consommation que l’on conserve ou que l’on modifie… Les "surprises" dans les deux sens) sont nombreuses et c’est à l’usage que l’on pourra s’adapter au mieux de ses intérêts et de ses besoins. Il est amusant par exemple de constater que les tomates, pommes de terre ou laitues sont moins chères en Thaïlande qu’en France. En général tous les produits français sont fournis dans les supermarchés. Mais à la campagne comme à la ville nous avons constaté déjà lors de notre voyage en 2016 qu’il y a très peu de différence concernant les prix des produits agricoles du fait que l’essor des productions agro-alimentaires correspond à la diversification des cultures qui a suivi l’ouverture de la Thaïlande aux marchés d’exportation. Le pays est le premier exportateur mondial de riz. Les agriculteurs thaïlandais ont fait preuve de grande souplesse, s’adaptant aux diverses exigences des marchés. Un tel dynamisme repose sur la présence des négociants sino-thaïs qui sont des relais actifs de la demande mondiale, assurant l’essentiel de l’encadrement technique, commercial et financier des activités agricoles. L’Etat intervient en amont pour doter les régions en infrastructures (réseaux de communication et d’irrigation) avec l’appui financier de l’aide américaine. Cependant, l’agriculture est exposée de plein front au marasme mondial des marchés agricoles. L’autosuffisance croissante en céréales de certains clients de la Thaïlande (Indonésie), l’émergence de nouveaux exportateurs (Chine), la mise en place de quotas pour les exportations de manioc vers la CEE participent d’une évolution globale vers la saturation des marchés mondiaux pour les produits constituant l’essentiel des exportations thaïlandaises (riz, manioc, caoutchouc, maïs, sucre).

Au Vietnam en 2017

Déjà en 2006, la revue « Carnets du Vietnam » faisait remarquer que le panier de la ménagère était mieux garni à la période du Têt (jour de l’an), pouvant être un indicateur de l’évolution du niveau de vie de la population [2]. En 2017, une nouveauté : les produits « bio » commencent à faire leur apparition dans les marchés des mégapoles vietnamiennes. Il est à noter qu’au Vietnam, en général, tout dépend de la façon de vivre des ménages. A l’occidental, un café expresso coûtera environ 50 000 vnd, alors qu’un café vietnamien 15 000 vnd maximum. Un abonnement Internet, environ 300 000 vnd par mois. Si les enfants fréquentent des lycées internationaux, de 5000 USD à 25 000 USD par enfant, par an. Le plein d’essence d’une moto Toyota Nouveau est de 70 000 vnd. A la campagne, en général les habitations sont pourvues d’un jardin potager pour la consommation de légumes et de fruits. Dans les marchés urbains, les produits frais en provenance des campagnes sont vite achetés et les prix demeurent stables pour les fruits et les légumes de saison (mangue, longane, banane, goyave et letchi). Toutefois, le panier de la ménagère est aussi limité dans le choix des produits importés car plus chers. De plus, ces dernières années, la presse et les médias ont fait état de divers produits alimentaires toxiques dus à l’emploi des insecticides en provenance de Chine, arrêtant ainsi la ménagère, apte à tout achat de produit frais chinois à bas prix. Néanmoins, à comparer avec la France, en moyenne, le coût de la vie au Vietnam en 2017 est 57% moins important qu’en France selon les expatriés.

Perspectives

Nous vivons dans un monde où les bonnes récoltes ruinent les agriculteurs du fait des prix trop bas. En revanche, les mauvaises récoltes affament les consommateurs pauvres en Afrique et en Asie, victimes de la spéculation qui est permanente sur les marchés à termes des grandes denrées consommables.

En 2017, les perspectives de l’alimentation altèrent de même l’impact que les liquidités pourraient avoir sur les hausses et les baisses des prix des produits alimentaires ces 20 dernières années, confirmant que les conditions mondiales de crédit influencent les prix de référence du maïs, du soja et du blé.

L’impact de la mercatique économique sur le panier de la ménagère au Burkina Faso, au Sénégal, en Thaïlande et au Vietnam est lié aux fluctuations des marchés céréaliers, entre autres, celui du riz. A ce propos, S.A. Nguyen Dac a souligné : « les acteurs importants dans le négoce international du riz sont au nombre de cinq : la Thaïlande, les Etats-Unis, le Vietnam, le Pakistan et la Chine. Trois exemples illustrent les différentes techniques de production : les expériences brésilienne (culture pluviale et extensive), vietnamienne (culture inondée) et française (riz de Camargue). « Le marché mondial du riz » Dans Information géographique 54 (4) ,1990 p.142-152. Disponible sur : https://catalogue.sciencespo.fr/ark:/46513/sc0000018747 ?

Notes :

[1Carrefour, Géant-Casino, Auchan, Match/Cora, Monoprix, Leclerc, Système U, et Intermarché ont signé une convention par laquelle ils s’engagent à proposer ce « panier » au moins une fois par semaine. Disponible sur : http://www.estrepublicain.fr/actualite/2011/04/07/la-menagere-reste-sur-sa-faim.

[2Le Département général des statistiques a publié les résultats d’une enquête menée en mai 2004 sur le niveau de vie familiale. Cette étude a été effectuée auprès de 45.900 familles vivant dans plus de 3.000 quartiers urbains, communes et bourgs. Sur le total des foyers interviewés, 84% ont reconnu "une amélioration " de leur niveau de vie, 11,2% "aucun changement" et 4,8% "un recul". Cette étude montre aussi que les disparités villes/campagnes sont toujours aussi importantes et que la région Nord-Ouest reste la plus démunie du pays. Disponible sur : http://www.carnetsduvietnam.com/web/actualites01-06.htm


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