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Climat : résultat de la conférence de citoyens
Par Sylvestre Huet

Ce midi (29 septembre), à la Cité des sciences (La Villette), les résultats de la Conférence mondiale de Citoyens sur le climat étaient rendus publics. Tenu samedi dernier, dans 38 pays par 46 panels de 100 citoyens, cet exercice de démocratie participative donne un éclairage sur l’opinion publique mondiale alors que la préparation de la Conférence de Copenhague, la COP-15, entre dans la dernière ligne droite.

Les principaux résultats de cette consultation montrent des citoyens « conscients, inquiets et sérieux », selon Gilles Laurent-Rayssac, de l’Association internationale pour la participation publique. Dans tous les pays une très large majorité se dégage pour réclamer des gouvernements qu’ils se mettent d’accord sur des politiques publiques visant à maîtriser les émissions de gaz à effet de serre, viser un objectif de 2°C d’augmentation de la température moyenne de la Terre à ne pas dépasser, et développer une solidarité des plus riches envers les plus pauvres pour faire face à ce défi. L’ensemble des résultats est consultable sur le site world wide views on global warming.

Il existe plusieurs lectures possibles de cette large majorité. La plus optimiste est celle du climatologue Hervé Le Treut (LMD, CNRS) qui y voit le résultat de la solidité de l’argumentaire des scientifiques. Les représentants des ONG (RAC, Greenpeace, FNE) engagées sur ce dossier - les "militants du climat" - comme l’ex-ministre de Chirac Corinne Lepage (Modem) en tirent la conclusion que les opinions publiques sont « en avance sur les responsables politiques ».

Une lecture plus prudente interroge les conditions de l’exercice. Si le panel français a bien été réuni en suivant un protocole strict sensé garantir tout entrisme de "militants", il ne semble pas que tous les pays aient été aussi respectueux des règles édictées par le Danish Board of Technology, à l’initiative de l’opération. Ensuite, la brochure distribuée était bien évidemment un résumé succin des conclusions du GIEC.

Enfin, et surtout, le questionnaire mettait les citoyens en mesure de prendre des décisions de ministres ou de chef d’Etat - chiffrer la réduction des émissions, mettre en place un Fonds international, sanctionner les pays ne respectant pas leurs engagements. Mais pas en face de décisions individuelles - j’accepte de payer plus d’impôt ou de ne plus jamais partir en vacances aux Antilles en avion.

Stéphane Hallegatte (économiste, CIRED) insistait d’ailleurs sur la nécessité de coupler dans les argumentaires et les questions les moyens et les objectifs ("êtes-vous prêts à user de tels moyens fiscaux ou de prix pour atteindre tels objectifs climatiques via une réduction de vos émissions de gaz à effet de serre"). Sinon, il est difficile d’éviter le "on est tous d’accord pour sauver la planète"... (surtout, note de ma part, que la planète n’a pas besoin de nous pour se sauver, elle sera toujours là dans 100 millions d’années, c’est nous qui avons un problème pour le siècle en cours et le suivant).

Dans une note publiée samedi, j’ai expliqué cette démarche originale, organisée à l’initiative du Danish Board of Technology. Elle consiste à donner à des citoyens constituant un panel représentatif d’une population une information - une brochure de 40 pages qui leur a été distribuée en aout dernier - puis à les réunir une journée entière. Ils sont alors répartis par table de 8 personnes et répondent individuellement à des questionnaires précis ou formulent une recommandation générale, après une discussion.

Le sociologue Daniel Boy (CEVIPOF) a réalisé une étude de ces résultats dont il n’a pu présenter qu’un bref résumé.

Les résultats sont consultables en intégralité sur le site world wide views on global warming. On peut s’amuser à faire ses propres statistiques, comparer les résultats de pays vis à vis d’autres pays ou par groupes (industriels, émergents, très pauvres). On note ainsi que les citoyens des pays les plus pauvres sont souvent d’avis que même leur pays doit faire des efforts, mais réclament plus de solidarité de la part des pays les plus riches.

Ajout le 30 septembre. En réponse aux trois premiers commentaires : je vous suggère de lire la première note sur cette opération, publiée le samedi 26 septembre. Il ne s’agit pas d’un sondage, mais d’une démarche de démocratie participative, avec formation d’un panel sociologiquement représentatif (en France c’est la SOFRES qui l’a constitué), puis une formation (courte dans ce cas, mais certaines opérations peuvent comporter une formation de plusieurs jours), puis une discussion très formalisée, et enfin des réponses à des questionnaires ou formulation de recommandations. Ce type de démarche comporte bien évidemment des biais expérimentaux - comme disent les sociologues - des effets de dynamiques de groupes, des problèmes liés à la formation des panels, le respect plus ou moins strict des règles de formations des groupes (il est évident qu’il n’a pas été aussi strict qu’en France dans d’autres pays) etc... En outre, le statut de ce type de démarche pose d’autres problèmes, comme le rapport avec la démocratie représentative. En tous cas, l’assimilation de cette opération à un simple "sondage" n’est pas sérieuse et donne la fâcheuse impression que certains commentaires sont écrits sans que les notes ne soient lues, ce qui ne favorise pas leur pertinence.

Mis en ligne sur http://sciences.blogs.liberation.fr/ le 29 septembre 2009. Voir en complément l’article du 26 septembre sur le même blog.

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/09/climat-r%C3%A9sultat-de-la-conf%C3%A9rence-de-citoyens.html


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