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« Ainsi parlait Herman Melville », choix et traduction de Thierry Gillybœuf.
Par Lucien Wasselin


Dans la collection Dits et maximes de vie parait un choix de citations d’Herman Melville traduites par Thierry Gillybœuf. L’auteur de Moby Dick méritait bien cet honneur. J’avoue que je n’ai jamais lu Moby Dick ni la moindre ligne d’Herman Melville : aussi la préface, Capitaine Achab et Mr Bartleby, est-elle la bienvenue comme la note biographique (pp 163-168). Non, j’ai seulement lu Edgar Poë, Howard Philips Lovecraft, Walt Whitman, Emily Dickinson, Nathanaël Hawthorne et quelques romanciers contemporains de Série noire (au sens large). Je me souviens d’avoir lu les poètes de la Beat Generation et je dois énormément à la défunte revue Action Poétique pour la connaissance de la poésie US contemporaine de l’époque…

Thierry Gillybœuf se livre à une tentative de grande difficulté : certaines des citations semblent appartenir à un ensemble plus vaste quitte à leur faire dire le contraire de ce qu’elles affirment prises isolément. J’en veux pour preuve ce que j’appelle la citation de la citation : ainsi pages 49 (citation n° 36 : « La liberté est plus sociale que politique ») cela peut s’entendre (comme le veut l’ensemble du paragraphe) : tout est affaire d’organisation politique et non sociale ! (c’est l’éloge de l’individualisme ) ou 71 (n° 77 : « Nous autres, Américains, sommes le peuple élu, à part » : on sait ce qu’il en est, on sait que cette maxime sert à imposer le diktat yankee à la surface du monde ! Mais ailleurs, cela a une apparence de bon sens, de profonde vérité : pp 53 (n° 41 ; « Les trônes ont été brisés, pas les sceptres ») ou 65 (n° 67 : « Bien des choses raisonnables bannies du grand monde trouvent un asile dans le peuple »). Rien que pour cela, ce livre est utile.

L’auto-dérision n’est pas absente de ce florilège ; ainsi page 85 (n° 98) ; vite contrebalancée par une sagesse sans limites (p 85, n° 99), ni l’humour (p 97, n° 117) ! Melville est pour la tolérance religieuse (p 95, n° 114). L’humour (involontaire ?) est présent dans la n° 127 : « Les pêcheurs, messieurs, abondent davantage à proximité des lieux saints ». Mais la réalité, le réalisme ne manquent pas, non plus, à Herman Melville : « J’essaie tout, j’accomplis ce que je peux » (n° 131). Le goût du lucre, de l’argent facile, semble aussi être le propre de l’homme : « Bien que l’homme aime son semblable, il reste un homme qui fait de l’argent, penchant qui bride trop souvent sa bienveillance » (n° 134). Et je garde celle-ci pour le mot de la fin, tant elle recèle sa part de vérité : « La meilleure façon de vivre est la plus facile » n° 159). Et celle-là (n° 187) : « C’est aller contre la volonté de Dieu que de vouloir christianiser l’Orient ».

Mais je sais que chacun pourra lire ce que bon lui semble ! Pour exemple : « L’ignorance est mère de la peur » (n° 105) ; ou sur la richesse que je laisse découvrir au lecteur (n° 108) : les migrants en savent quelque chose ! Dans la Note biographique, on peut lire un paragraphe où sont révélées les conditions dans lesquelles fut écrit le roman Moby Dick. Et replacé dans son contexte, c’est-à-dire dans la vie d’Herman Melville qui n’aura plus de secrets pour le lecteur.

Ainsi parlait Herman Melville, traduction et choix de Thierry Gillybœuf. Editions Arfuyen, 176 pages, 14 euros. En librairie.


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