Auteur d’une douzaine de romans, nous nous souviendrons entre autres de Les cadavres n’ont pas toujours bonne mine, Philippe Colin-Olivier aime nous embarquer sur un rythme endiablé dans des aventures tordues et réalistes dans lesquelles les dialogues, drôles, décalés, mettent une distance bienvenue.
Ce nouveau roman débute par une situation à laquelle nombre d’entre nous avons déjà rêvé : l’élimination de puissants de ce monde, en l’occurrence dans ce cas, des PDG de grandes multinationales, retrouvés étranglés.
C’est un flic désabusé, presque un pléonasme, mais un « grand flic », Patrick Vauclin, qui mène l’enquête. L’histoire débute par l’assassinat d’un certain Spinolla, évidemment PDG.
« Tout cadavre est un festin pour la police.
Aucun insecte sur le corps trempé de Spinolla. Pas une mouche n’y avait pondu ses œufs.
Rien de notable n’avait été découvert dans le parking. Un spécialiste, qui battait des cils comme s’il souffrait d’une irritation oculaire, filmait l’ensemble de la scène. (…)
Etrange de tuer quelqu’un de cette manière, glissa Noûr.
Pas facile d’étrangler. Alors qu’on aurait pu l’assommer ou lui planter une lame, dit Hansenne, flic qui votait Vert et portait des sabots en raphia et cuir.
… Ou le flinguer… ajouta un autre. »
L’homme était détestable et par conséquent les candidats au titre d’assassin nombreux entre ceux qu’il avait humiliés, ceux, nombreux, qu’il avait fait licencier, ses concurrents jaloux, des femmes blessées, sans compter les truands opportunistes…
Mais, quand un deuxième PDG se fait assassiner avec le même mode opératoire, les choses deviennent plus claires, ou pas… car la politique s’en mêle.
Désabusé, Patrick Vauclin a de grandes chances de le rester dans le labyrinthe sombre des défaillances humaines. Mais, il s’accroche, suit les pistes, et les fausses pistes, comprend, ne comprend plus. Et puis, il y a ses collègues. Ils forment une équipe, mais la cohésion d’une équipe tient à bien peu de choses, une simple coucherie par exemple.
Vauclin n’est pas le seul à errer dans cette affaire, le lecteur l’accompagne dans cette errance mais avec délectation, contrairement à Vauclin qui galère. Porté par l’écriture vive et pleine de couleurs, au milieu de la noirceur, d’un auteur qui maîtrise son sujet, il prend plaisir à se faire balader. Et demeure cette question :
« Faut-il étrangler les PDG ? »
A corde et à cri
Philippe Colin-Olivier
Editions Glyphe, 85 avenue Ledru-Rollin, 75012 Paris – www.editions-glyphe.com