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Penser les prochaines élections municipales dans la diversité des territoires
Jean-Claude Mairal invite à ne pas oublier les communes rurales, qui sont l’immense majorité, et parle de "nouvelle ruralité"

La France ce sont 36680 communes (métropoles et DOM) dont au niveau métropolitain,31590 ont moins de 2.000 habitants (25,2% de la population française), 4087 entre 2.000 et 10.000 habitants (26,5% de la population), 777 entre 10.000 et 50000 habitants (25,2% de la population), 103 entre 50.000 et 200.000 habitants (13,8%) et 11 ont plus de 200.000 habitants (9,3% de la population).

Le territoire de proximité n’a pas la même configuration, la même histoire partout. Ce sont des petites communes rurales, des communes suburbaines.des villes moyennes, des grandes villes de plusieurs centaines de milliers, des métropoles avec des millions d’habitants dont une est à vocation mondiale (Paris). Ce sont des communes maritimes, urbaines, rurales, de montagne, etc.qui structurent la vie de nos concitoyens.

On ne peut donc pas penser le développement de manière identique partout. Il est nécessaire de prendre en compte et penser les territoires dans leur diversité. Sans cette ligne de conduite, les politiques décidées à partir du centre (Etat), sont vouées à l’échec. Malheureusement, c’est ce que nous constatons régulièrement, avec une question urbaine, pensée le plus souvent de manière uniforme, en terme métropolitain, devenir l’alpha et l’oméga des politiques publiques.

Certes il ne s’agit plus de penser la France comme il y a 50 ans, avec un secteur rural important, à dominante agricole, et un secteur urbain en progression, en opposant villes et campagnes. Il y a désormais une interdépendance de plus en plus forte entre centre et périphérie, entre villes et campagnes. Mais on ne peut pas, comme certains experts et responsables le clament haut et fort, considérer que désormais, nous serions tous des urbains. Si l’on voit bien les présupposés idéologiques et politiques en faveur de la métropolisation que veut imposer le gouvernement et sa majorité, cela ne correspond ni à la réalité des territoires, ni au vécu de nos concitoyens, dont un quart d’entre eux vivent dans des communes de moins de 2.000 habitants qui représentent l’immense majorité des communes et la grande majorité des élus municipaux et communautaires. Une donnée incontournable, au moment où se préparent les élections municipales de 2014.

La « nouvelle ruralité »

Certes les populations de ces communes dont un grand nombre sont rurales et auxquelles on peut rajouter des chefs lieux de cantons de plus de 2.000 habitants, ont les mêmes aspirations à la modernité que les habitants des centres urbains, mais ils n’ont pas le même cadre de vie qui est plus proche de la nature, ni la même offre de services, ni le même rapport au temps que les habitants des grandes concentrations urbaines. Aujourd’hui ce n’est pas de disparition du rural, mais de liens et de synergie avec l’urbain dont il faut parler. En ce sens le concept de « nouvelle ruralité » lancé par Jean-Paul Dufrégne, président du Conseil général de l’Allier est tout à fait pertinent. Il permet de sortir d’une vision passéiste de la ruralité, tout en lui donnant une conception en prise avec la modernité et les évolutions sociétales. Comme le propose Eloi Laurent, économiste dans son rapport de février 2013, à la Ministre à l’égalité des territoires et du logement, Vers l’égalité des territoires, « C’est à un nouveau contrat de développement partagé entre espaces urbains et ruraux qu’il importe de réfléchir ».

C’est d’autant plus important que la sociologie de ces territoires ruraux a profondément changé. Les campagnes françaises, comme l’a montré Julien Mischi dans un article publié par Métro politiques, se caractérisent par la présence massive de membres des classes populaires, en particulier ouvrières, dont un grand nombre sont en grandes difficultés sociales. Les ouvriers sont proportionnellement plus nombreux dans ces espaces ruraux que dans les aires urbaines (32% des actifs contre 22%).

Outre l’importance du nombre des communes et des conseillers municipaux et communautaires à ne pas négliger, ces données sociales et sociologiques montrent le fort enjeu politique des prochaines élections municipales dans ces communes, que les débats politiques nationaux, y compris au front de gauche, ont trop tendance à oublier. Ne pas se préoccuper de ces territoires ruraux dont la population tourne autour de 20 millions d’habitants, serait laisser le champ libre à la droite et au Front National qui, on l’a vu lors des élections de 2012, s’y implante. Certes il n’y a pas forcément de militants encartés de gauche, écologistes ou des forces du front de gauche, mais il y a de l’engagement citoyen, une vie associative dynamique dans ces communes. Je rencontre quotidiennement cette créativité et cet engagement. Il y a là tout un potentiel jeune et moins jeune, qui par delà les clivages traditionnels, peut être mobilisé autour de listes citoyennes au service du territoire et des populations.
Alors Osons !


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